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Qui n'a jamais fêté l’Épiphanie, mangé une galette et été élu reine ou roi après avoir découvert une jolie fève dans sa part de gâteau ?

Mais quel lien avec les lévriers ?

Il y en a plein ! Reines, Rois et lévriers ont souvent été liés au cours de l'Histoire et certaines œuvres nous ont laissé ce témoignage.

Nous allons nous intéresser surtout au Moyen-âge, période durant laquelle, le lévrier fut en quelque sorte, lui aussi roi, parmi les Rois.

Au Moyen-âge se développe le goût des grandes parties de chasse auxquelles participent la noblesse et les Rois dans leurs domaines particuliers. Pour attraper cerfs, renards, lièvres et autres gibiers, ils sont accompagnés de leurs meutes de chiens, bien souvent composées de plusieurs lévriers, chasseurs hors pair grâce à leur rapidité et leur agilité.

C'est l'âge d'or de la chasse aux lévriers.

Le livre de chasse de Gaston Fébus (seigneur, chevalier, héros et écrivain béarnais) datant du XIVème siècle nous montre à travers ses enluminures, comment se déroulaient les parties de chasse.

Livre de chasse, folio 87                    -                       Livre de chasse, folio 118 Livre de chasse, folio 87                    -                       Livre de chasse, folio 118

Livre de chasse, folio 87 - Livre de chasse, folio 118

Les lévriers et autres chiens de chasse, sont très prisés mais sont généralement bien traités et vivent dans de bonnes conditions.

Une illustration de ce livre confirme cette idée, dans une scène représentant l'entretien des chiens.

On leur prodigue des soins, leur lave les pattes ou leur vérifie leur dentition.

Livre de chasse, folio 40            -                  Gaston Fébus et un de ses lévriers, château de Pau     Livre de chasse, folio 40            -                  Gaston Fébus et un de ses lévriers, château de Pau

Livre de chasse, folio 40 - Gaston Fébus et un de ses lévriers, château de Pau

En dehors des parties de chasse, les lévriers considérés comme nobles et élégants, participaient aussi à la vie de Cour et pouvaient assister aux banquets et manger à leur guise, des mets délicats.

Une enluminure des Frères Limbourg tirée des Très Riches Heures du Duc de Berry (frère du roi Charles V) nous l'illustre bien.

Le mois de Janvier (1412-1416) Le duc de Berry vêtu de bleu et coiffé d'un bonnet de fourrure est assis à sa table. L'un de ses serviteurs nourrit un lévrier blanc.

Le mois de Janvier (1412-1416) Le duc de Berry vêtu de bleu et coiffé d'un bonnet de fourrure est assis à sa table. L'un de ses serviteurs nourrit un lévrier blanc.

Animaux de compagnie de choix, les lévriers pouvaient également partager la vie privée de leurs maîtres (par exemple, en les suivant lors de déplacements importants) et même dormir dans leur chambre !

Le plus célèbre de tous ces nobles propriétaires de lévriers, fut sans aucun doute, Louis XI . Grand amateur de chasse et amoureux de ses chiens, il leur procurait les soins les plus délicats.

Voici quelques extraits de l'histoire du Roi Louis XI et de ses chers lévriers, révélés par Commynes, son chroniqueur et conseiller :

« Qu'il fût dans sa chambre ou dans la nature, le roi avait toujours des chiens autour de lui. Très élégants avec leurs colliers de cuir de Lombardie cloutés d'or, ses lévriers recevaient les soins les plus délicats : leurs pattes étaient baignées dans du vin chaud, leur nourriture préparée par des apothicaires, et leur salut assuré grâce à des offrandes faites à saint Hubert. Mistodin, le favori, portait des robes et dormait dans un lit. » (extrait du livre de P.M. Kendall, Louis XI)

« Louis faisait étriller ses chiens ; des vétérinaires les soignaient quand ils étaient malades […] Ses chiens semblent parfois mieux habillés que lui. Ils avaient des colliers avec des clous d'or et des boucles d'argent. Ils couchent sur des paillasses dressés sur des châlits. La perte d'un chien, Louis la ressentait vivement. Ayant égaré dans la forêt de Marmoutier sa grande levrière, le roi la faisait « publier » par le maire de Tours à la messe de minuit […] Les épagneuls blonds, les beaux lévriers blancs, ravissaient le roi […] Ses chiens furent ses amis, des personnes. Il nomma l'un d'eux Pâris, sans doute parce qu'il était beau, un autre Artus parce qu'il était vaillant. » (extrait du livre de P.Champion, Le Roi Louis XI)

« Les quatre lévriers préférés de Louis XI sont ainsi passés à la postérité : Pâris, Plessis, Artus et Chier Amy. Comme tous les chiens vivant dans la bonne société, ils sont habillés, voire parés : le tailleur de la Cour leur confectionne pour l'hiver « des juste-au-corps de velours rouge ravivé de drap vert » ; en 1462, le roi commande à Jaquet de Chefdeville, grand orfèvre parisien, un collier de velours cramoisi orné de trois pièces d'or, vingt perles, onze rubis et une hyacinthe, une pierre semi-précieuse de couleur jaune rougeâtre, destiné à Chier Amy. Le menuisier Cadot est chargé de fabriquer les mangeoires des chiens « de la chambre du roi ». Le sellier Coppin Sauvaigne fournit de la « bourre de cerf, pour réaliser des coussinets pour coucher les chiens ». L'apothicaire Guion Moreau reçoit ordre de leur administrer « oignements, lavements, emplâtres, poudre et souture de plaies... » quand ils sont malades ou blessés. »

(extrait du livre de M.-H. Baylac, Les animaux célèbres)

Statuts de l'ordre de Saint-Michel, enluminure de J. Fouquet, 1470  Louis XI, au centre,  préside le chapitre de Saint-Michel (ordre de chevalerie) A ses pieds, son lévrier avec son collier d'or.  Le lévrier blanc, peut également symboliser la fidélité      et la loyauté au sein de l'ordre.

Statuts de l'ordre de Saint-Michel, enluminure de J. Fouquet, 1470 Louis XI, au centre, préside le chapitre de Saint-Michel (ordre de chevalerie) A ses pieds, son lévrier avec son collier d'or. Le lévrier blanc, peut également symboliser la fidélité et la loyauté au sein de l'ordre.

Louis XI a transmis son goût pour les lévriers à son fils, qui n'est autre que son successeur Charles VIII. En effet selon les dires de Philippe de Commynes, Charles VIII aurait commandé « de la toile de lin pour faire deux draps à mettre par-dessus les draps de toile de Hollande de son lit pour empêcher que les lévriers de sa chambre ne les salissent et gâtent quand ils couchent dessus ledit lit. » (extrait du livre, Les animaux célèbres).

Et sa femme, Anne de Bretagne les affectionnait également. Elle en aurait possédé neuf, qui la suivaient lors de ses déplacements, portant « un collier de velours noir avec quatre hermines fixées par des boucles de fil de laiton doré » (extrait du livre de G.-M. Tanguy, Les jardins secrets d'Anne de Bretagne). Elle aimait tellement le lévrier et son caractère fidèle et loyal, qu'elle le fit figurer sur son emblème qu'on retrouve sur l'architecture du Château des Ducs de Bretagne à Nantes.

Le porc-épic de Louis XII (son second époux) fait face au lévrier d'Anne de Bretagne, symbolisant l'union de la Bretagne à la France.

Le porc-épic de Louis XII (son second époux) fait face au lévrier d'Anne de Bretagne, symbolisant l'union de la Bretagne à la France.

Pas étonnant non plus de remarquer dans la cathédrale de Nantes sur le tombeau de François II, la présence d'un lévrier couché aux pieds du gisant de sa dernière femme, Marguerite de Foix, puisque ce tombeau fut réalisé à la demande de sa fille, Anne de Bretagne.

Lévrier (symbole de la fidélité), détail du tombeau de François II et Marguerite de Foix, cathédrale de Nantes. XVIème siècle.

Lévrier (symbole de la fidélité), détail du tombeau de François II et Marguerite de Foix, cathédrale de Nantes. XVIème siècle.

On remarque donc l'importance du lévrier au Moyen-âge, utilisé pour la chasse et comme animal de compagnie mais aussi utilisé comme devise, voyant en lui, le symbole de fidélité, de loyauté et de courage. Cette importance et adoration qu'il a connu, a valu au lévrier de côtoyer la noblesse et les grands Rois et Reines de France de cette époque.

Tag(s) : #levriers espagnols galgos
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